Rendez-vous dans un café du 9ème arrondissement, sur les grands boulevards. Nous nous sommes installés tout au fond pour être plus tranquille. Dehors, pas facile de s'entendre dans le bruit de la circulation. Et puis un rendez-vous avec celui qui déteste les interviews. Il nous l'a déjà dit, il ne trouve pas ce qu'il a à dire très intéressant ni très légitime. Comme nous ne sommes pas d'accord, on a insisté et il a bien voulu, avec un large sourire que j'ai deviné au téléphone.

Il y a là Philippe, JB, moi et notre ami Guillaume, photographe.

Cyrille revient d'abord sur la pièce de théâtre dans laquelle il a joué à Marseille il y a quelques mois Faust ou la tragédie du savant . Le spectacle reprendra à la rentrée, mais sans lui. Un beau projet, mais dont le résultat l'a déçu. Toujours très exigeant avec lui-même, Cyrille juge sévèrement son propre travail dans cette pièce.

Nous lui posons quelques questions sur ses récents tournages, un peu dans le désordre.

Cyrille a tourné un téléfilm réalisé par Virginie Sauveur : Quelques jours entre nous . Il ne l'a pas vu monté mais croit très fort dans ce film. En essayant de faire le pitch, il ne voulait pas donner l'impression de quelque chose de vieillot, c'est un mélodrame mais sans tomber dans les travers du genre.

Cyrille joue le rôle de Vincent, un garçon qui, suite à la mort de ses parents, prend en charge sa petite soeur. Il abandonne ses études, se met à travailler, acceptant des métiers pas faciles, comme le travail sur les chantiers. Et puis son frère ainé rentre d'Amérique du Sud. Une histoire de famille recomposée en fait. Cyrille aime beaucoup la manière de jouer de sa " petite soeur " dans le film, Sarah Forestier, encore inconnue. Également à l'affiche, Alessandra Martinez, Frédéric Pierrot et l'ancien standardiste de " Nulle part ailleurs ", Jackie Berroyer.

Un bon souvenir de tournage. Diffusion prévue en 2004, sur Arte.

Puis Cyrille nous parle de ses rares scènes dans Charles II , une production télé internationale. Cyrille aurait bien aimé tourner en anglais, comme pour Sueurs, mais le rôle était en français. Le tournage a eu lieu à Prague en avril 2003. C'est une mini-série dramatique de 4 épisodes pour les chaînes de télévision britanniques A&E et BBC ONE. Il y joue Philippe, duc d'Orléans, frère de Louis XIV. Ce personnage préférait de beaucoup la compagnie de son amant, le chevalier de Lorraine, à celle de ses deux femmes successives, mais apparemment le scénario n'en parle pas tellement. Cyrille semble s'être pas mal amusé à tourner ses deux scènes, une où il est censé violer sa femme, incarnée par Anne-Marie Duff, remarquée dans Magdalena sisters . Et l'autre scène où celle-ci meurt, avec un jeu de regards entre eux qui laisse soupçonner bien des choses.

En ce qui concerne Les liaisons dangereuses , Cyrille ignore ce qu'il reste de son rôle, assez secondaire il est vrai, puisqu'il ne correspond pas au roman de Choderlos de Laclos. Au départ, TF1 avait commandé trois épisodes d'une heure trente chacun. Puis la chaîne a demandé un nouveau montage en deux fois une heure cinquante. Ce qui a reporté la diffusion du printemps à l'automne et a contraint Josée Dayan à faire des coupes.

Au départ, Cyrille interprète deux rôles, celui de deux jumeaux polytechniciens. Dans une soirée de grande école, la Merteuil (Catherine Deneuve) parie avec Valmont (Rupert Everett) qu'elle va coucher avec les deux frères. Elle gagne son pari, ce qui donne lieu à deux scènes qui ont marqué Cyrille, une avec des bisous partout où il ne se trouve pas éblouissant, une autre dans le bain avec Deneuve.

Tout ce qui a dû être coupé devrait être présent sous forme de bonus dans l'édition en DVD.

Après ce premier tournage avec Josée Dayan, il y en a donc eu un autre, celui des Parents terribles . Autre tournage en Espagne, à Barcelone. Josée Dayan réadapte l'ouvre de Cocteau. Cyrille succède donc à Jean Marais, dans le rôle du jeune homme autour duquel tout gravite.

Cyrille semble apprécier la réalisatrice, son caractère et son humour. La seule chose qui est frustrante dans ce type de tournage, c'est la rapidité, alors que le rôle lui a semblé presque " injouable". Peu de prises, parfois une seule, et peu de recul sur ce qu'il fait. Ceci dit, Cyrille est un acteur instinctif de son propre aveu.

Pour avoir vu les images au moment de la post-syncronisation, Cyrille pense que les Parents terribles sera bon, notamment à cause de Nicole Garcia.

Cyrille nous parle enfin d'un court métrage pas encore diffusé, Signe d'hiver , pour lequel il semble avoir une tendresse particulière. Le réalisateur est Jean-Claude Moireau, photographe de plateau attitré de François Ozon. C'est un "très beau film" nous dit Cyrille, qui devrait être diffusé sur France 2 dans l'émission dédiée aux courts-métrages. L'histoire y compte moins que les images. Une femme de quarante ans roule sur une route et prend un auto-stoppeur.

Son seul coup de cour récent ? Pour une réalisatrice qu'il connaît bien puisqu'il s'agit d'Emmanuelle Bercot et de son troublant Clément . Histoire d'un amour orageux entre une femme adulte et un tout jeune adolescent. Sinon pour les images il revoit avec plaisir en ce moment les documentaires de Raymond Depardon en coffret DVD.

Cyrille nous parle aussi du livre qu'il est en train de finir : Éloge de la faiblesse d'Alexandre Jollien un philosophe handicapé moteur dont il a tout lu. Pour ceux ou celles que ça intéresserait, c'est publié chez Cerf.

Après l'entretien, nous sommes allés à pied jusqu'au passage Grévin, où Guillaume a pris une nouvelle série de photos, sous l'oeil intrigué des passantes et des passants.

(NB : par souci de clarté et pour éviter les doublons, le texte reprend quelques informations précédemment données par Cyrille à David par téléphone).

Stéphane pour "cyrillethouvenin.net".