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Entre Marseille et les calanques, Marc et Tony traînent leur désoeuvrement d'ados qui sèchent souvent les cours et rackettent un collégien. Lorsque des cambrioleurs plus âgés les entraînent sur un coup, la dérive des deux garçons se fait plus inquiétante.

Année : 2000 - Durée : 1h33 - Une coproduction ARTE France - Cauri Films - Lark Productions
Réalisateur :
Christophe Lamotte
Scénario et dialogues :
Pierre Chosson et Christophe Lamotte
Image :
Florence Levasseur
Son :
Jean-Paul Guirado
Décors :
Isabelle Filleul de Brohy
Montage :
Benoît Quinon
Mixage :
Didier Cattin
Musique :
Gillian Bouchey
Productrice :
Marie-Claude Reverdin / Cauri Films
Directeur de production :
Mario NADEAU (Canada)
Script :
Claudine TAULERE
Unité de Programmes Fictions :
ARTE France -Pierre Chevalier

Marseille écrasée de lumière. Dans les calanques, Marc et Tony sèchent souvent les cours et rackettent avec des amis un petit de leur collège. Tony reste un peu à l'écart, mal à l'aise. Il vit avec son père, Gianni, dans un quartier populaire des hauteurs de Marseille à qui il reproche la mort accidentelle de sa mère. Gianni cherche du travail et essaie de recréer une relation stable avec Cathy qu'il vient de rencontrer. Bientôt, Tony apprend que le petit qu'il rackette s'est défenestré et qu'il est dans le coma à l'hôpital. Traumatisé, incompris par son père et par son ami Marc, il décide de rejoindre sa sour pour changer de vie.


Note d'intention :

Un jour, un ami, directeur de projet ZEP - les zones d'éducation prioritaires - me fit part d'un désir qui lui tenait à cour dans le cadre de l'opération "Images de Quartier". Il voulait « voir un film » écrit et interprété par les enfants des établissements scolaires dont il s'occupait. Je devais en assumer la réalisation. Il voulait, par le biais du cinéma, donner la parole à ceux qui d'ordinaire ne l'ont pas. La consigne était simple. Pas de censure. Peu d'argent.

Le résultat fut surprenant : trois courts-métrages de fiction écrits et tournés en 1997 et 1998, en collaboration avec des élèves âgés de 7 à 10 ans de deux écoles primaires parisiennes. Dans ces films, les enfants, terriblement lucides sur leur condition, « s'attaquaient » à leur quotidien en le dénonçant. Scolarité difficile, violence urbaine, famille déchirée, rêve de fuite, affirmation de soi. Leur vision du monde était à mille lieux de toute complaisance, de toute mièvrerie. Loin des clichés habituels sur l'enfance, les personnages de leurs histoires se confrontaient à la réalité d'un monde qu'ils n'avaient pas choisi, ni créé. Ils essayaient, chacun à leur manière, d'en saisir les règles afinde trouver une place qui leur convienne. Ils voulaient croire et garder espoir dans l'avenir. Ils voulaient croire et garder espoir en eux-mêmes. Les films semblaient leur donner raison. Dépassant l'aspect social de leur sujet, les enfants témoignaient ainsi de leur parcours, forcément initiatique,dans le monde d'aujourd'hui.

Dérives
est né de cette expérience. C'est le portrait de l'un de ces enfants, celui d'un être confronté à sa propre violence. Son obstination à commettre des actes qui lui nuisent l'oblige à faire des choix. Si ces derniers ne sont pas toujours bons, il sait néanmoins qu'il devra un jour en assumer toutes les conséquences. Consciemment ou non, il sait que sa vie d'homme à venir en dépend. L'histoire deTony, l'enfant dont on décrit ici la trajectoire, est à l'image des personnages de mes autres films. La question qui le ronge est la même. Comment, sans se trahir, peut-on s'arranger avec ses propres démons et trouver enfin sa place dans ce monde ?

Christophe Lamotte


Quelques mots sur...

Christophe Lamotte :

Auteur-réalisateur et scénariste, Christophe Lamotte débute sa carrière avec une série de cours métrages : Les solitudes en 1994, Eve-Transit en 1995, La valise et Mathilde en 1997, Une rencontre imprévue en 1998. Cette même année, il réalise son premier documentaire HEC, derrière la porte étroite diffusé sur Canal Plus. C'est en 1999 qu'il écrit le scénario de Marie, Nonna, La Vierge et Moi réalisé par Francis Renaud, diffusé sur ARTE en janvier 2000. Un possible amour , très remarqué dans de nombreux festivals (Pantin, Clermont-Ferrand, Belfort, Angers.) et Mère en fuite (collection Combats de femmes pour M6) sont les fictions qu'il réalise avant Dérives .

Guillaume Gouix :

Comédien débutant, il a un film à son actif : Deuxième quinzaine de juillet réalisé par Christophe Reichert où il donne la réplique à Michèle Bernier et Zinedine Soualem.

Ludwig-Stanislas Loison Robert :

Cela fait déjà trois ans qu'il tourne pour la télévision et notamment pour des séries comme Avocats et associés (1998) ou Au cour de la loi (1998) ainsi que dans deux téléfilms : La passe montagne de Jean-Marc Seban et Qui mange qui ? de Dominique Tabuteau, en 1997, avec Catherine Jacob et diffusé sur TF1.

Jacques Spiesser :

Il débute sa carrière en 1971 et se fait remarquer au cinéma dans des films comme La Gifle de Claude Pinoteau ou Section spéciale de Costa Gavras. Par la suite il sera dirigé dans de nombreux films par des réalisateurs aussi différents que Claude Lelouch, Orso Miret, Patricia Mazuy, Jacques Fansten ou Jean-Jacques Annaud. Sa carrière à la télévision est également riche. Il apparaît dans plus de 40 téléfilms notamment en 2000 avec comme point d'orgue la Bicyclette bleue diffusé sur France 2. Au théâtre, dirigé par Francis Huster, il interprète des rôles dans de grands classiques tels que Le Cid , Don Juan , Lorenzaccio , Le Misanthrope .

Francis Renaud :

Après des études d'art dramatique, il débute au théâtre en 1992 dans La double inconstance de Marivaux. Suivront Démon en 1995, mis en scène par Gérard Desarthe et Hygiène de l'assassin d'Amélie Nothomb, aux côtés de Jean-Claude Dreyfus (1997). En 1993, il tourne pour la première fois pour la télévision sous la direction d'Elisabeth Huppert dans La Maligne . On le voit également dans Docteur Sylvestre de Dominique Tabuteau (1996) ou Petit Ben d'Ismaël Ferroukhi pour ARTE (1998). Parallèlement, il obtient son premier rôle au cinéma dans Pigalle de Karim Dridi (1994) qui lui permet de recevoir le Prix spécial du jury au Festival de Genève pour son interprétation et le Prix Michel-Simon en 1996. Puis il enchaîne dans Parfait amour de Catherine Breillat (1995), Le Plaisir de Nicolas Boukhrief (1997), Cantique de la racaille de Vincent Ravalec (1997), et Du Bleu jusqu'en Amérique de Sarah Levy, sorti en salles le 1er décembre 1999. Depuis septembre 2000, il campe un personnage récurrent dans la série Police District sur M6. En 1996, il tourne en tant que réalisateur son premier court métrage, Over Iode et en 1999 il signe son premier long métrage, intitulé Marie, Nonna, la Vierge et moi , diffusé sur ARTE le 7 janvier 2000.



Interview de
Christophe Lamotte , réalisateur et co-scénariste et de Pierre Chosson , scénariste

C'est, après Un possible amour , votre seconde collaboration. Comment accordezvous vos univers ?

Christophe Lamotte : Je pense que la passerelle entre nous est davantage dans les personnages que l'on a envie d'aborder que dans les histoires. J'ai l'impression que la question qui anime tous les films qu'on écrit ensemble est comment on s'arrange avec ses propres démons et quels sont les choix de vie que nos personnages effectuent à partir de là. Le fond commun vient de cela et sans que l'on ait eu tous les deux la même histoire, il y a énormément de choses qui nous rapprochent. Au fond, on n'a pas cherché nos points communs pour travailler ensemble : on a plutôt cherché à mettre en commun nos différences et notre originalité réciproque. Nos films se situent dans l'interstice, dans l'entre-deux de ce rapport-là.

Pierre Chosson : Je pense qu'il y a entre nous des grosses différences mais en même tempsde vraies parentés et de vraies passerelles. D'abord nous aimons le même genre de cinéma. Mais il y a de vraies différences aussi puisque Christophe est certainement beaucoup plus cinéaste que moi, qui suis, par certains côtés, beaucoup plus littéraire. Finalement, on se complète assez bien : lui c'est la fougue et moi, la retenue.

Quelle ambition soutient votre travail ?

CL : Il y a en nous l'envie, je crois, d?aller par la fiction vers un univers à la fois réaliste, naturaliste et en même temps lyrique et onirique. Notre travail poursuit une logique et si l'on met tous nos films côte à côte, on retrouve des croisements de personnages, même s'ils n'ont pas les mêmes noms ou le même âge. Il y a une véritable continuité dans notre travail qui s'impose au fur et à mesure. D'ailleurs notre équipe technique est pratiquement la même depuis des années. Même chose pour les comédiens, que nous avons plaisir à faire retravailler.

PC : Au fond, nos goûts sont relativement éclectiques. On a envie par dessus-tout de défendre une histoire avec des personnages consistants, des personnages qui ont une attache forte à la nature, au milieu qui les environne ou au passé qui les remplit. A chaque fois qu'on attaque un scénario, on a ce désir-là . C'est pour ce rôle essentiel que vous attachez à la nature que vous avez choisi d'aller tourner Dérives à Marseille, alors qu'il y a de nombreuses cités en région parisienne ?

CL : L'idée première pour nous a été de déplacer la violence au soleil. Et de faire baigner nos personnages et cette histoire un peu sombre par moments dans une lumière irradiante. On ne voulait pas faire un film sur la banlieue, ni sur Marseille d'ailleurs. On voulait éviter de rentrer dans une logique de mode. Nous avions envie de prendre une petite histoire pour aller toucher à la grande et de ne pas faire l'inverse, c'est-à-dire prendre la grande histoire et disposer des individualités à l'intérieur.

PC : Oui, l'idée que la scène du racket se passe au bord de la mer, sous le soleil, était vraiment l'une des premières idées du film. Pour nous, ce film est davantage le voyage intérieur d'un jeune qu'une chronique sociale. Notre Tony, c'est un adolescent qui se cherche : il n'a pas trouvé sa voie quand le film débute et il commence à la trouver quand le film se termine.

Vous étiez sensibilisé à l'univers de violence auquel sont confrontés les jeunes ?

CL : J'avais eu l'occasion dans des courts métrages précédents de m'y confronter en travaillant avec des élèves de ZEP en région parisienne. Ce qui m'avait frappé alors c'était la violence qui régnait dans ces écoles, qui ont d'énormes besoins de structures. Très jeunes, il y avait déjà en ces enfants une énorme violence, violence qu'ils expérimentent comme pour se trouver. Ce qui m'avait frappé également c'est que lorsqu'ils étaient en bande, ils développaient certaines choses et que lorsqu'on les prenait séparément ils étaient très différents. En bande, leur révolte s'affirmait et seuls, ils dévoilaient leurs individualités, leurs envies ou leurs rêves. Cela m'intéressait de montrer aussi ce contraste entre ces deux représentations.

Comment avez-vous trouvé « Tony », joué par Guillaume Gouix ?

CL : Je l'ai trouvé sur casting. J'étais bien sûr très angoissé car je ne voulais pas quelqu'un qui joue Tony mais quelqu'un qui ait une ressemblance morale, intérieure avec lui. J'ai vu pas mal d'enfants mais aucun ne me plaisait et puis un jour, je suis tombé sur une photo de Guillaume, qui habitait Marseille. Dès que je l'ai vu arriver vers nous, je me suis dit « Ouh là, ça peut être lui ». Il avait dans sa façon de marcher quelque chose de félin, un sourire magnifique, une sorte de décontraction et en même temps de puissance intérieure. Lors des essais, je lui ai donné le monologue de la fin, qu'il n'avait jamais eu entre les mains. Quand il nous l'a lu, on avait tous les larmes aux yeux.

PC : Quand j'ai vu Guillaume la première fois, sans qu'il parle beaucoup, j'ai immédiatement senti qu'il avait une compréhension intuitive non seulement du scénario mais aussi du personnage. Si jeune, c'est rare. C'est un acteur qui est à la fois extrêmement instinctif et intelligent, qui a une grande puissance de jeu et de travail. D'ailleurs, depuis Dérives , il est entré au Conservatoire à Marseille.

Pour ce téléfilm, avez-vous engagé des jeunes non professionnels issus du monde des cités ?

CL : Oui, nous en avons engagé plusieurs. A deux d'entre eux, qui n'avaient jamais joué auparavant, nous avons offert de vrais rôles. Et pour ce qui est de la figuration, nous en avons engagé plusieurs. J'ai fait très attention à bien les prévenir contre les dangers du métier, notamment, je les ai bien mis en garde contre ce que l'on appelle « la descente d'après tournage » et les mirages de la télévision. Quand on tourne avec des enfants, avec des adolescents, il faut faire bien attention à tout cela. Même si ils m'ont semblé plus lucides ou plus vigilants que certains adultes sur cette expérience ! Ces gosses ont pris, je crois, un énorme plaisir à travailler mais aussi à avoir leur chambre d'hôtel, à venir en avion à Marseille puisqu'ils venaient de banlieue parisienne. Pour eux, tout cela a été une vraie découverte.

Lequel de vous deux a conservé le trophée
du meilleur scénario que vous avez reçu au dernier Fipa ?

CL : Ni l'un ni l'autre : nous l'avons offert à notre maison de production !

Propos recueillis par Christine Pascale (avril 2001)

 
       
 

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